Défi 299 des croqueurs de mots : mes amie de blogs
Marie Chevalier pour le défi 299 des croqueurs de mots nous propose le sujet suivant :
Il y a vingt ans, vous avez connu un(e) ami(e) et vous vous êtes tout de suite entendus. Vous êtes toujours en accord quand vous parlez des grands problèmes de société. Il (ou elle) sait tout de vous et réciproquement ; tous vos petits secrets, mais nous ne vous êtes jamais rencontrés « en vrai ». Comment ressentez-vous ou ressentiriez vous cette situation ? Dites-le-nous.
https://mariechevalier.over-blog.fr/2025/01/a-moi-l-honneur-de-trouver-le-theme-du-defi-299.html
J'ai décidé d'évoquer pas mais plusieurs amies de blog aujourd'hui disparues ou que je n'ai jamais rencontrées. Excuse moi Marie si mon écrit ci-dessous est quelque peu hors sujet :
Je tiens à débuter mon écrit par un hommage à deux de mes amies de blog qui sont parties, victimes du cancer :
- Armide dont les chroniques drôles, enjouées et sensibles de sa vie à Paris avec son bouledogue PISTOL m’enchantaient chaque matin. C’était une magicienne de l’écriture, intuitive, curieuse avec une grande élégance de cœur et d’esprit : une bien belle personne. Nous nous sommes rencontrées plusieurs fois à Paris et à Cergy. Une profonde amitié est née. Pistol est mort en 2013. Armide nous a quittés en juin 2014. Armide, je pense souvent à toi.
- Marithé : Chaque matin, je riais en regardant ses photos, dessins légendés qu’elle publiait. Derrière cet humour particulier, elle cachait une sensibilité, et générosité. Elle aimait le plaisir des autres et elle se plaisait à les amuser. Je me souviendrai toujours de la journée que nous avons passée ensemble avec nos époux respectifs sur l’île de Noirmoutier. Une amitié est née grâce à cette belle rencontre. Elle s’est éteinte en juin 2016. Souvent, je pense à elle en ouvrant le pot à sel qu’elle m’avait offert à Noirmoutier. Marithé, je ne t'oublierai jamais.
Je voudrais aussi parler de mon amitié pour certaines que je n’ai jamais rencontrée, mais que j’aimerais tant connaître
- Je voudrais citer en premier « Mona ». Je ne peux vous communiquer son vrai prénom, son humilité l’empêcherait d’apprécier cette mise en avant. Simple, modeste, son blog épuré lui ressemble. Elle ne parle jamais d’elle, elle montre peu de clichés qui pourraient nous laisser deviner qui elle est et pourtant elle prend de très jolies photos. Un jour, elle m’en a adressé une superbe pour un concours sur mon autre blog. Elle publie des dessins pleins de tendresse. Elle écrit bien, mais rarement par peur peut-être de se dévoiler trop. Elle préfère éditer des textes, des poèmes, des chansons tous très différents. Je savoure avec plaisir ces bolées d’optimisme, recettes d’amour et de bonheur avec un soupçon de candeur qui me rendent joyeuse… Certaines des chroniques peuvent parfois, derrière un humour qui me fait rire, cacher des satires sociales virulentes dans le fond. Beaucoup de blogs se ressemblent, mais j’apprécie celui de Mona unique et inclassable. Analytique, elle réfléchit beaucoup en parlant ou en écrivant, mais s’extériorise peu. Pour ne pas confier ses pensées, elle use et abuse (comme moi) dans les commentaires des points de suspension… C’est notre langage en commun et nous n’avons pas besoin de nous exprimer plus, nous nous comprenons. Mona est organisée, ordonnée cadrée… « chaque chose à sa place et une place pour chaque chose ». Son approche méthodique et conventionnelle en surface cache au fond d’elle-même un brin de fantaisie, d’originalité qui ressort de temps en temps à travers ses chroniques. Elle aime les autres, est ouverte, altruiste et tolérante. J’admire son calme et sa pondération à toute épreuve, moi dont la fougue me rend impulsive.
Notre complicité est née de nos ressemblances, malgré la forme différente de notre expression.
Je demeure attachée à certaines copines de blog que je n’ai jamais rencontrées. Échanger des commentaires pendant plusieurs années tisse des liens. Néanmoins, ces quelques mots laissés se révèlent bien souvent des politesses sans réel intérêt si ce n’est celui de dire : je suis venue, j’ai vu, je suis restée fidèle.
Je rends visite à de vraies amies virtuelles à chaque fois qu’elles publient un nouveau billet, sauf ces derniers temps en raison de mes problèmes de santé. J’aime leurs blogs, je devine leur caractère à travers leurs récits. J’aurais parfois envie d’en connaître quelques-unes, notamment celles qui écrivent avec lesquelles je me sens en parfaite harmonie de pensée. C’est plus difficile pour moi de trouver cette osmose avec des blogueurs photographes que je n’ai jamais rencontrés et qui n’accompagnent pas leurs clichés de textes. De nature méfiante, j’estime que je ne les cerne pas assez, que je pourrais être déçue alors je me contente de cette sympathie virtuelle fort confortable et c’est dommage.
J’imaginais, avant le cancer, qu’un attachement réel nécessitait des échanges en face-à-face. J’ai changé d’avis depuis. Quelques-uns de mes vrais amis dans la vie pendant cette période m’ont boudée, comme si ils avaient peur que le crabe en pince aussi pour eux. Je pense qu’ils étaient gênés, ils ne savaient plus quoi me dire. Leurs silences m’ont profondément meurtrie. Certains sont revenus dès qu’ils ont appris ma rémission.
Quelle surprise de voir que c’est une copine de blog jamais rencontrée dont je visitais le blog depuis peu de temps qui m’a le plus soutenue. Elle m’écrivait souvent des mails pour me demander de mes nouvelles, me raconter aussi son quotidien, car elle avait compris que je ne souhaitais pas parler de ma maladie. Elle me distrayait avec de jolies choses de la vie. Elle m’a adressé une carte postale qui m’a beaucoup touchée. Je la garde dans le tiroir de ma table de nuit et un cadeau pour Noël : un petit pantin de bois à suspendre dans le sapin. Je ne vous dirai pas son nom. En me lisant, elle se reconnaitra. J’aimerais tant la rencontrer, mais nous habitons loin l’une de l’autre.
Je voulais la remercier particulièrement. Sa bienveillance et son amitié précieuses m’aident à supporter la lourdeur des traitements. Je me sens redevable envers ceux que je n’ai jamais vus, mais qui, à travers les commentaires du blog ou par mail, m’ont demandé de mes nouvelles. Ce n’est pas grand-chose. Ce tout petit rien se révèle beaucoup pour celui qui reçoit ce témoignage de sympathie. J’en suis d’autant plus touchée que je suis une taiseuse qui n’arrive pas afficher son affection de peur d’être rejetée.